Funérailles d'Elfriede de Sparte

Elfriede demeurait chez Katarina au moment ou celle ci s'est éteinte ... même maladie que son père Salbator et son oncle Occorax surement ... C'est donc elle qui un matin de novembre avait trouvé le corps d'Elfriede froid ... au moins elle n'avait pas eu l'air d'avoir souffert ...

En l'absence de Bobyzz, elle avait fait les démarches nécessaires pour que l'enterrement est lieu. Elle avait envoyé des courriers à Monseigneur Uriel qui officierait aujourd'hui ... ainsi qu'au membres de la famille pour les prévenir. Elle espérait n'avoir oublier personne ... et elle espérait ne pas être la seule à venir à la Chapelle aujourd'hui.

Elle avait revêtu une robe sobre, ses cheveux était remonté dans un chignon simple qui ne lui donnait pas un air stricte...

Elle se rendit à la Chapelle et attendit sur le parvis l'arrivée d'Uriel.

Heureusement qu'elle avait pensé à prendre un chale sur ses épaules. Il ne faisait guère chaud ce matin.

[1er Décembre 1460]

Une triste journée se levait aujourd'hui sur Salins-les-bains. Ce ne serait ni un jour de joie, ni un jour de liesse, mas bien l'un de ceux dont on se souviendrait.
La vie était omniprésente dans le monde ... la mort également. Si personne ne demandait à vivre, nombre était ceux qui demandaient à mourir mais le plus souvent la date et l'heure étaient inconnues.

En ce moment particulier, tous aspiraient à la paix et à la prière, afin que tous se recueillent sur la mémoire du défunt ou de la défunte.

Le Cardinal souhaita visiter la Chapelle de bon matin, et faire le nécessaire pour mettre tout en place, mais aussi envoyer quelqu'un pour aller faire sonner la cloche, en appelant à ceux qui voudraient venir.

Dong ... Dong ... Dong ...

trois coups sombres, qui perçaient la brume de novembre ...

Dans l'entrefaite, il salua Katarina.

Votre Grandeur ...

Mes respects et mes condoléances renouvelées en cette funeste journée.

Elle avait revêtu une des tenues de deuil qu'elle portait après le décès de Flavien, bien que son coeur était joyeux depuis son mariage, encore plus depuis certains événements plus récents, la démonstration de son transport n'était toutefois pas le moment. Jade avait fait la route avec son époux jusqu'à Salins, nauséuse, les chaos de la route n'aidant nullement son état.

Ils arrivèrent au moment même où les cloches retentissaient dans l'air froid du jour et la jeune femme émergea du carrosse, toute de noir vêtue, ses cheveux entièrement recouverts d'un voile, sur ses épaules une lourde cape noire ornée d'une délicate fourrure blanche, sa main gantée se posa sur l'avant-bras de son mari, le regardant d'un air reconnaissant pour son indéfectible soutien, osant même un très léger sourire

Immédiatement, elle se dirigea vers sa mère qu'elle n'avait pas revue depuis le mariage

Mère, je sais à quel point vous étiez proche d'Elfriede et je compatis à votre peine. Elle a sûrement rejoint le Très-Haut en paix.

Elle se tourna vers Uriel

Il semble que nous nous voyons dans les événements les plus heureux du cycle de la vie mais aussi son contraire. Je suis convaincue que Elfriede apprécie du Paradis Solaire que ce soit toi qui fasse cette dernière cérémonie pour elle.

Puis, tout bas à son époux

Mon tendre, pourrais-tu je t'en prie me conduire à un banc afin que je m'asseoie ?

Aussi sombrement vêtu que sa jeune épouse, à l’exception d’une écharpe blanche traversant son poitrail de l’épaule à la taille, le fils renié d’Arès l’avait accompagnée aux funérailles de sa cousine ; il avait longuement hésité, ne souhaitant pas ajouter de l’huile sur le feu, mais après tout… Le maire l’avait également éloigné de sa vie alors qu’Ezequiel rejetait cette compagne qu’il abhorrait. Cette femme ne serait jamais sa belle-mère, ni maintenant, ni jamais. D’ailleurs, il n’avait plus de père.

Le voyage et ses cahotements avaient un peu malmené Jade qui, puisqu’elle était enceinte de leur premier enfant, n’avait pas besoin de tout ce tumulte pour se sentir déjà nauséeuse ; c’est donc soucieux de son état et de son confort que l’Ibère avait passé le trajet, à s’inquiéter pour la façon dont elle se sentait, et à tenter de la distraire, autant que faire se pouvait en pareilles circonstances, de ses nausées.

Enfin parvenus à Salins, il sortit en premier de la voiture, lui offrit son bras pour l’aider à descendre, et l’accompagna jusqu’à la Chapelle Saint Sylphaël. Là, ils rencontrèrent Madame la Mère de Jade, ainsi qu’Uriel. Il s’inclina devant la première, lui souffla baise-main :

- Madame la Vicomtesse, soyez assurée de ma profonde peine et de mon soutien pour la perte douloureuse que vous vivez en ce moment même. Si nous pouvons faire quoi que cela soit, n’hésitez pas à nous solliciter.

Il salua ensuite avec une sobriété formelle Uriel, pour lequel il ressentait le plus profond respect, et une grande reconnaissance suite à la manière dont il avait officié lors de leur mariage

- Eminence, je ne puis imaginer qui mieux que vous, aurait su tenir cette cérémonie.

Attentif au murmure de Jade, il opina, s’inclina pour prendre congé de Katarina et Uriel, et mener son épouse jusqu'à un siège :

- Bien sûr, ma chérie. Permets que je t’aide à t’asseoir… là… Tout va bien ?

Uriel sourit à son amie. Rien ne servait de faire une tête d'enterrement - c'était le cas de le dire d'ailleurs - car il ne fallait pas pleurer mais se réjouir.
Elfriede était débarrassée de toutes les velléités mortelles, de la souffrance et son âme ainsi que son nouveau corps vivaient maintenant heureux près de Dieu, dans la chaleur du Paradis.

Et oui, chère amie ... la vie est ainsi faite, avec son lot de joies et de malheurs. Et c'est surtout là que l'on reconnaît ceux qui vous soutiennent, car ils sont là en tous les moments et pas simplement dans ceux qui sont choisis ...
Elfriede n'a hélas pas eu beaucoup de chance dans la vie ; je me souviens d'une femme aspirant à l'amour et au bonheur. Elle n'a hélas pas trouvé ce qui pouvait la combler le plus ...

Puis il salua Ezequiel, avec les honneurs dus à son rang, car désormais, il était Duc, lui aussi.

Votre Grâce, je vous remercie pour vos paroles. J'espère que vous allez bien ?

Il les laissa alors aller s'asseoir ... en tant qu'érudit dans la science des corps et au vu des cernes de la jeune femme, il se doutait qu'elle n'était pas fatiguée que par la route ...

Grégor avait appris la nouvelle aussi subitement qu'une feuille se détache d'un arbre. Rapidement. On n'y pouvait rien, on ne pouvait l'empêcher. C'était arrivé. Et la vie continue. Mais la vie est dure parfois, on voit des personnes qui nous sont chères partir, rappelées par le Très-Haut. C'était le cas aujourd'hui. La nouvelle, il l'avait apprise à la HI, lorsque sa cousine, au nom de son oncle Bobyzz, était venue demandée l'ouverture du testament. Il avait appris qu'une cousine de sa mère venait de partir. Et quelques jours après, une lettre signée de sa mère lui annonçant à nouveau la nouvelle et la date de l'office mortuaire.
Grégor ne connaissait pas Elfriede, mais il la savait de la famille, il savait sa mère très proche d'elle. Aussi, par respect pour la décédée et surtout pour sa mère, il se devait de venir.
Il avait revêtu une tenue sombre, le jeune Sparte n'aimait pas revêtir cette tenue, mais circonstance oblige, il se devait de le faire. Arrivé à Salins, il se dirigea immédiatement vers la Chapelle.

Personne dehors, c'était triste. Le temps était froid, le vent piquant. Une bien mauvaise journée. Pourtant, il n'y avait pas de nuages. Rien ne pouvait empêcher l'âme d'Elfriede de monter rejoindre le Très-Haut. Grégor s'avança un peu plus pour rentrer dans la Chapelle. Une fois les dernières marches montées, la porte passée, il s'engouffra dans la Chapelle et put voir qu'il ne serait pas seul. Sa soeur, son beau-frère, sa mère étaient déjà là. Puis, quelle surprise, Uriel. Il ne savait pas que ce dernier allait officier.

- Mon ami. Bonjour Uriel. Nous nous voyons souvent décidément. Pardonnez-moi, mais j'eusse préféré en une autre circonstance plus joyeuse aujourd'hui.

Il ne le dérangerait pas plus longtemps, Uriel attendait d'autres personnes. Grégor entra. Tout le monde était assis, de dos, personne ne pouvait donc le voir, juste l'entendre. Il avança encore et s'arrêta au niveau de sa soeur.
Il se pencha et murmura.

- Bonjour Jade. Bonjour Ezequiel. Triste jour pour nous voir. Je ne vous ai point vus depuis le mariage. Je vais aller m'asseoir à côté de mère, on se reparlera à la sortie.

Il se releva, leur adressa un léger sourire, puis partit plus loin voir sa mère. Il se pencha sur elle et déposa une bise sur sa joue.

- Mes condoléances mère. Je suis heureux de vous voir, mais croyez que j'aurai préféré en d'autres circonstances. Je suis désolé de l'apprendre, mais je me devais de venir vous soutenir. Puis-je m'asseoir à vos côtés?

Et en effet, les quelques cierges allumés ne parvenaient pas à réchauffer l'atmosphère de la chapelle. Les murs suitaient d'humidité et par endroits, un peu d'eau s'était accumulée.
Tel était le destin de ces édifices isolés ; le temps y faisait, comme sur les hommes, son ouvrage de vieillissement et de destruction. Et c'était ainsi, personne n'y pouvait rien non plus.

Une nouvelle personne se présenta, Uriel reconnut l'ancien fromager de Saint-Claude, devenu désormais lorrain , il lui serra chaleureusement la main.

Grégor ! Quelle bonne surprise, je suis heureux de vous revoir, cher ami.
Certes, les circonstances ne sont guère joyeuses, mais la vie est ainsi faite, hélas ...

Il attendrait encore quelques minutes avant de débuter l'office.

A peine sortit de son séjour imprévue chez les Nonnes, à cause d'un gros coup de fatigue, Idril fut rejointe par son époux pour se rendre à Salin, aux funérailles de celle qui avait été comme une sœur pour sa mère, qui avait inspiré le prénom de sa petite sœur, et pourtant qu'elle connaissait à peine.

Vêtue de noir, le teint un peu pâlichon encore, c'est au bras de Noa qu'elle fit son entrée discrète dans la chapelle.

Jade et son époux étaient là, ainsi que Gregor et Katarina, avec qui elle avait eu plusieurs échanges de courrier suite à ce décès, et Monseigneur Uriel se trouvait également là, prêt à officier en ce triste jour.

Ne voulant déranger, chacun semblant déjà occuper à discuter à voix plus ou moins basse, Idril fit signe à son mari de la conduire vers un banc. Elle ne souhaitait pas l'inquiéter mais le trajet en carrosse jusqu'à Salin lui avait laissé un mauvais goût au fond de la gorge, annonciateur d'une probable nausée ou d'un gros coup de fatigue la laissant sans force.

La journée n'en était que plus triste sur le spectacle hivernal qu’offraient la venue du vent et du froid, les arbres en témoignait leur deuil, le feuillage tombait à même le sol et la brise du vent murmurait son nom.
C’était vêtu de noir, avec une mine sombre et lugubre que le Comte de Sochaux ce rendit à la chapelle Saint Sylphaël à Salins-les-Bains, chapelle ou officiait autrefois Elfriede …

Femme de cœur et aimée par tous, ne méritait pas cela, ni maintenant, ni ainsi.
Le Comte, qui débuta en politique, à l'époque, avait comme professeur en économie et de gestion municipal cette talentueuse économiste et gestionnaire, des souvenirs enfoui par le temps, mais qui dans des moments pareil ressurgissait en boucle.

Que dire, que faire, quand la mort prend une âme pour elle.
Que dire, que faire, quand cela détient les mots et les verves de l’injustice, la mort défiait tout type d’humanité et le salut n’en n’était que dans une espérance que le très haut, soutenue par ces prophètes, lui assure une place dans le ciel.

Voyant sa femme, il s’approcha d’elle doucement et lui glissa une main dans le dos pour la soutenir dans cette épreuve et d’être près d’elle pour qu’elle est force et amour pour assurer la suite, il lui sourit tendrement et partagea avec elle, dans ces yeux ce moment de tristesse.

Il observa les convives et même l’officiant, le Cardinal Uriel à qui le Comte adressa à tous un léger mouvement de tête pour rendre le salut, il remercia aussi du regard le fils Gregor qui de par sa présence devait assurément soutenir sa mère, il ce mit à ces cotés préférant être au près de sa femme pour un tel moment grave que chaque famille devait vivre et subir.

Katarina était contente si l'on peut dire de voir que ses enfants, son époux, son gendre et sa cousine Idril soient présent pour rendre un dernier hommage à Elfriede. Elle était peut être celle qui l'avait plus connu ou plus côtoyé ... ayant partagé sa cérémonie de mariage avec Leif avec Elfriede et Circa. Cela remontait à tant d'année ...

Elle regardait sa fille et son mari, heureuse de voir qu'elle allait être de nouveau grand mère. Puis elle adressa un sourire à son fils Gregor, acceptant volontiers qu'il asseye à ses côtés.

Elle se demandait si Bobyzz sortirait du monastère ou il se reposait depuis si longtemps pour assister à l'enterrement de celle qu'il avait adopté à la mort de Salbator. Avait-il au moins eu lecture de la missive qu'elle lui avait envoyé ...

Elle soupira puis pris la main de Gregor dans sa main droite et celle de Leif dans la gauche. Cela lui faisait du bien que sa petite famille soit presque toutes réuni. Victoire viendra peut etre ...

Son plaisir en mer avait pris un sacré coup lorsqu'un pigeon arriva sur le Vadrouilleur impérial, un message roulé à sa patte à destination du Comte de Morez. Sa belle-soeur Katarina lui annonçait la perte d'une grande amie irremplaçable, une confidente, Elfriede. Le froid glacial qui s'abattait sur le pont du navire était insignifiant comparé à la douleur que le Dumb subissait au coeur, jamais au grand jamais, il aurait pensé perdre quelqu'un de si proche alors qu'elle semblait en bonne santé lors de leur dernière rencontre. Comment? Pourquoi? Des questions qu'il ne cessait de se poser dans sa tête et qui ne trouverait jamais de réponse.
Le voyage pour cette quête de la vérité devait attendre désormais, un retour anticipé pour la Franche-Comté s'imposait, Goclad n'avait pu lui dire "au revoir" avant la grande aventure mais, il tenait à lui dire "adieu" cette fois-ci.

Amarré au port de Marseille, c'est une petite troupe qui quittèrent la flotte Impériale pour rejoindre le Comté de Salin-les-bains afin d'assister à l'enterrement. Le voyage fût des plus éprouvant à cause des conditions climatiques, le blizzard rendait le col de la Faucille impraticable au point où le groupe dût attendre à l'abri que la tempête se calme pour pouvoir reprendre le chemin.
Les jours passèrent, la troupe arriva à Dole deux jours avant les funérailles, un mince délai pour se reposer à l'hôtel de Lysiane et prendre un grand bain chaud, un confort qu'il avait laissé de côté depuis le départ du Vadrouilleur.

Ce matin-là, c'est en carrosse que Goclad, son épouse Lysiane et ses fils Loic et Bastian, rejoignirent le domaine de Salin, un domaine que Goclad ne reconnaissait plus, était-ce l'absence du maître des lieux ou la saison qui rendait ce lieu si triste à voir? Il ne le savait pas.
Vêtu chaudement de noir, c'est en famille qu'ils montèrent les marches jusqu'à l'entrée de la Chapelle de Saint-Sylphaël, la porte était légèrement entre-ouverte, certains invités devaient déjà être présent.

Il ressentait un vide au fond de lui alors que ses pas l'amenèrent jusqu'à Katarina et Uriel, quand on y pensait, les seuls moments où la famille était réunie, c'était généralement dans ces circonstances, un deuil.
Jade, Grégor, Idril, Leif, tant que personne à voir, le Dumb fit la bise à sa belle-soeur et serra la main de son ami Uriel avant de rejoindre ceux qu'il n'avait plus vu depuis des mois.

Le rouquin sortit de ses appartements. Voilà longtemps qu'il n'était pas revenu à Salins. Les souvenirs le prenaient par surprise au recoin d'un couloir ou en ouvrant un tiroir. Il avait grandi ici et chaque recoin du domaine renfermait une bêtise ou un rire de Guillaume. A quinze ans, le jeune Sparte avait déjà l'impression de ne plus rien avoir avec cet enfant insupportable et adorable. Il avait fait bien du mal à bien des gens, en quelques mois seulement. Il n'avait pas eu à changer. le noir, il en avait toujours porté et il ne portait plus aucune couleur depuis peu. Mais passons, car à ce jour, Guillaume ne se plaignait pas : il n'était pas là pour ça.

Il entra dans la chapelle et salua tous ceux qui étaient là. Oncles, tantes, cousins et cousines y passèrent. Il ne s'imposa pas à Idril, qu'il salua simplement d'un sourire tendre et d'un abaissement respectueux de la tête. La seule avec laquelle il s'attarda un moment fût la mère de la défunte.

Ma tante, je n'ai pas connu Elfriede... Ou si peu que cela ne compte pas. mais malgré tout, elle était ma soeur, par la décision de Père. C'est donc une soeur à qui je dis au revoir.

Il lui sourit tristement et se permit ce qu'il n'aurait jamais fait en un autre jour. Il se pencha et déposa une légère bise sur la joue de la mère, avant de s'évanouir dans la chapelle sans demander son reste.

Bon pénitent, il vint s'incliner devant l'autel. Il resta ainsi un moment, adressant sa cousine-soeur au très-Haut, si le Très-Haut l'écoutait encore. Il resta à distance d'Uriel, craignant l'homme de Dieu. Mais il savait qu'il était bon et lui adressa malgré tout un sourire qui se voulait amical.

Il alla s'assoir dans le fond de la salle, les laissant tous se soutenir les uns les autres. Lui, il ne se sentait plus à sa place.

Quelques mois si ce n'est quelques années le séparait de sa dernière visite à Salin les Bains. La Franche-Comté qu'il avait laissé derrière lui, pour un temps du moins, flambait encore dans un coin de son cœur. Hélas, c'est en deuil qu'il la rejoindrait de nouveau. Ce voyage peut-être prématuré lui permettra sans doute de revoir d'anciennes personnes, dans la tristesse puissent-elles être, il ne pouvait s'empêcher de s'enticher de quelques retrouvailles.

De noir vêtu, maquillé sobrement, le Valfrey siégeait dans le carrosse aux cotés de sa douce. Sa main étreignant la sienne, il resserra l'emprise lorsque Salin fut annoncé. Il l'aida délicatement à sortir, et à ses gestes, la conduisit au banc le plus proche. Il salua de la tête les quelques personnes déjà présentes et se dépêcha d'asseoir à ses cotés. Inquiété pour peu, Noa avait du mal à la quitter du regard tant qu'elle ne lui dirait pas être soulagée.

S'il était vrai qu'elle ne connaissait qu'à peine feu sa cousine ou tante, on ne sait plus tellement vu les adoptions, les mariages, les remariages, elle n'en était pas moins touchée par la perte d'une Sparte, quelle qu'elle soit... Quoique, il y avait certaines Sparte qu'elle aurait graaaand plaisir de voir disparaitre ! Han, non, point de telles pensées dans la maison du Très Haut.

Vêtue de bleu très foncé, presque nuit, la jeune fille arrive péniblement et faiblement jusqu'à la chapelle. Le souffle court d'avoir marché, un temps soit peu, les joues pâle d'avoir du puiser dans les maigres réserves que son corps lui permettait de posséder. Mais elle était présente.

Saluant d'un triste sourire l'assemblée, elle se dirige ensuite vers le gros de sa famille pour prendre place aux premiers bancs de la chapelle. Il n'y avait pas de mots à dire, ni de phrase, uniquement transmettre dans ses regards toute la force et tout l'amour qu'elle éprouvait pour ceux qui, difficilement, devaient accepter la perte d'un être proche.

Elle était contente de voir la petite Chapelle se remplir peu à peu. Elfriede lui avait confié avoir peur qu'au jour de ses funérailles que je ne sois que la seule présente. Elle avait quitté la vie politique il y a longtemps et n'entretenait guère de lien avec ses cousins et cousines ... et ses nombreuses et longues retraites l'avaient coupé de ses amis et même de son époux qui avait finalement été voir ailleurs. De la ou elle était, Elfriede devait donc etre heureuse de voir la famille réunie.

Katarina regarda l'assemblée, tous ceux qui voulaient être présent à l'enterrement devaient être arriver à présent. Elle regarda alors Uriel, attendant que celui ci commence la cérémonie.

Il salua tous ceux qui étaient arrivés jusqu'alors. Voici donc du monde pour les funérailles, c'était une sorte de réel dernier hommage, le temps de dire "à Dieu" à une personne chère, pour son dernier voyage ...
Uriel regagna le choeur de la petite chapelle et à l'aide d'un cierge déjà allumé, il en alluma une autre, puis une autre, tant et si bien que l'ensemble de l'édifice fut vite éclairé.

Uriel hocha la tête positivement ayant reçu l'accord tacite de Katarina.

Nous voici aussi réunis afin de nous recueillir pour Elfriede, sur ce qu'elle a fait, sur ce qu'elle a accompli.

L’Humain, fait de terre et d’eau, est par nature attiré par le centre de la terre, mais l’amitié vraie élèvera son âme. Si elle est digne de rejoindre le Très-Haut, elle ne s’enfoncera pas comme le corps vers le froid des enfers ! Bien au contraire, elle trouvera sa vraie nature, qui est naturellement de s’élever vers notre Bienveillant et Absolu Créateur.

Il marqua une légère pause puis reprit.

Après que tous nos regards aient croisé le sien, qu’elle puisse enfin voir le Tien, Glorieux Tout Puissant.
Seigneur, ne détourne pas Ton regard de notre amie.

Après l’amitié qu’elle a reçu et qui a guidé sa vie, accorde lui l’amitié ultime qu’est la Tienne, Omniscient et Omnipotent Très-Haut.
Seigneur, ne détourne pas Ton regard de notre amie.

Après les peines et les larmes qui ont obscurci sa vie, illumine sa route pour l’éternité.
Seigneur, ne détourne pas Ton regard de notre amie.

Bienveillant Créateur, nous tournons vers Toi nos espoirs à l’heure où disparaît la fille, la parente, la nièce, la cousine, l’amie qui nous est chère.
Accorde-nous l’espérance de la revoir auprès de Toi pour les siècles des siècles.

Amen

Nouvelle pause, recueillement. Le moment de se rappeler les actions de cette femme au coeur si fragile.

Il entonna ensuite le Credo.

Funérailles d'Elfriede de Sparte Credo3m

Puis il invita tout un chacun à le réciter après lui ...

Quelques personnes arrivèrent derrière lui, la famille était quasiment réunie pour dire au revoir à l'un des leurs mais les maitres de lieux ne semblèrent pas présent pour cette cérémonie, peut-être qu'un miracle les conduirait ici avant la fin, il fallait l'espérer pour Elfriede.
Le Dumb et son épouse prirent place sur le banc avec leurs enfants lorsque Uriel débuta la messe, tête baissé, il se mit à murmurer le crédo quand se fût le moment:

Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'aprés avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

Amen

Ces instants n'étaient jamais agréables à vivre.
Un départ, vers un monde meilleur, à n'en point douter ; un monde débarrassé de ses velléités, des contraintes et des souffrances, bref, le monde auquel tous aspiraient.
Il restait encore beaucoup de gens biens dans les royaumes mais cette proportion devenait de moins en moins grande. Nombreux étaient ceux qui ne travaillaient plus que pour eux, sans penser à la multitude.
Beaucoup demandaient, mais n'étaient pas prêts à offrir.

Il leva la tête.

Maintenant vient le moment du souvenir, celui où chacun peut prendre la parole pour Elfriede pour raconter ce que furent nos expériences de la vie, avec elle ; à quel point elle fut importante et quelle place elle occupait en nos coeurs.

Katarina récita le credo au moment voulu en silence comme à son habitude ... Puis vint le moment de la cérémonie qu'elle redoutait le plus. Non qu'elle n'est rien à dire sur Elfriede mais elle était et restait une femme assez discrète et timide et elle n'appréciait guère de prendre la parole en public.

Elle irait .. le temps de trouver le courage ...

Le long silence après la fin du credo prit fin lorsque Uriel invita des personnes le rejoindre pour parler de la défunte. Dans la salle, personne ne semblait bouger, soit par timidité soit par un manque cruel de lien avec Elfriede. Le Dumb la connaissait depuis si longtemps qu'il ne pût s'empêcher de se lever du premier banc, laissant sa douce compagne et ses enfants quelques minutes pour monter les marches et se placer à côté de son ami Cardinal.
C'était beaucoup d'émotion pour lui car le lien avec la Sparte avait toujours été très forts, il était difficile au départ de sortir le moindre mot de sa bouche, ses yeux observant l'ensemble de la salle mais après une bonne respiration, il se lança par le commencement.

Elfriede et moi... ce fût très compliqué au départ, je l'ai connu à la mairie lorsqu'elle était mairesse et que je venais d'entrer au conseil municipal. Je ne savais pas pourquoi, il y avait une certaine froideur de sa part à mon égard. Il m'a fallut énormément de temps pour apprendre à la découvrir, ce que je voyais comme froideur n'était que pour elle, une protection pour ne pas souffrir après les épreuves dans sa vie.
Mais ça valait le coup, j'ai découvert une personne attachante, une fidèle amie et une confidente, elle a toujours été là quand j'avais des problèmes de couple avec Gallena, elle a toujours été là pour me soutenir dans des épreuves difficiles, elle a toujours été là pour me donner des conseils et pour m'écouter. Oui elle a toujours été là pour moi...

Il s'arrêta un instant, une douleur au coeur l'empêchait de continuer de parler, c'était une partie de lui qui venait de s'en aller.

Elle aussi, elle a connue beaucoup de souffrance et j'aurai aimé pouvoir lui soulager ça, aujourd'hui, je suis sûr que là où elle se trouve, elle est en paix et elle nous regarde pendant qu'on la pleure.

Clad leva les yeux vers le ciel pour cette dernière pensée qui était la plus sincère.

Elfri, tu nous manque, on ne t'oubliera jamais...je ne t'oublierai jamais....

Le coup de poignard qu'il sentait au fond de lui était trop fort pour continuer, il descendit les marches et retourna s'asseoir sans plus rien dire, le regard totalement perdu dans le néant.

Uriel écouta son ami et compagnon de navire.
Lorsque ce dernier se rassit, il se serait attendu à d'autres témoignages, mais chacun resta prostré dans son silence.

A chaque fois impuissant devant les pertes que les gens subissaient, il partageait néanmoins leur tristesse ... car il ne la connaissait que trop bien.

Il prit deux objets qu'il avait préparé : un cierge et une croix de bois.
Il alluma le cierge grâce à la flamme une des bougies et dit alors :

L’Amitié est la lumière du monde, c’est la flamme qui réchauffe notre cœur.
Qu'elle éclaire maintenant la route d'Elfriede, qu'elle la conduise maintenant au Royaume du Très-Haut.

Enfin, il prit la croix aristotélicienne et déposa alors cette croix sur le couvercle tout en déclarant :

Funérailles d'Elfriede de Sparte Mcq-83-189-croix-2

Elfriede, je dépose cette croix aristotélicienne sur cet autel.
Cette croix est le signe qui relie Aristote et Christos, qu'elle soit pour vous signe de salut et de vie éternelle.

Il baissa la tête et récita une dernière prière.

La chandelle continuerait de brûler lorsque toutes les autres seraient éteintes... la cérémonie était donc terminée, à moins que quelqu'un n'eut quelque chose à ajouter.