Funérailles de Franchesco Galli-de Sparte, de Kiboki de Sparte et de Gallena von Dumb-de Sparte

[Vendredi, 12 novembre 1458]

De très bonne heure, Erine se rendit à la chapelle pour constater le travail de Baudouin, l'intendant chargé du bon déroulement de cet événement.
Point trop chargé, sobre, l'intérieur reflétait le deuil et pourtant, il n'évoquait pas le désespoir que pouvait inspirer la mort à certains. Cette mort qui, jusqu'à il y a peu, la terrorisait elle-même.

Elle avait revêtu le même type de parure qu'elle portait depuis ce jour funeste. Une robe qu'on ne pouvait trouver parfaitement immaculée puisque le blanc était si difficile à obtenir de façon pure et parfaite, et taillée dans une étoffe qui n'évoquait pas la richesse dans laquelle la Comtesse pouvait évoluer au jour le jour. Elle avait, comme simple bijou de fortune -et encore, sa valeur était avant tout plus sentimentale que vénale- un médaillon délicatement ouvragé d'or que lui avait offert sa cousine Kiboki lors de son mariage avec Bobyzz et qu'elle avait retrouvé par hasard dans l'un de ses coffrets.
De discrètes boucles d'oreilles et quelques rubans et fils de soie dorés pour retenir sa masse de cheveux blonds en arrière venaient naturellement parachever son portrait.

Un peu à l'écart des grandes portes de la chapelle, Erine revoyait avec l'intendant le déroulement des opérations.
La jeune femme lui avait laissé une liste non exhaustive... Baudouin ferait de son mieux, il débutait, mais il savait aussi qu'il n'aurait pas droit à l'erreur : c'était quelque chose d'envergure, qu'il avait à préparer, et Erine serait sans doute intransigeante pour cette cérémonie qui visait à rendre un dernier hommage aux cousines et au cousin de Bobyzz, et à leur faire une place au Paradis Solaire.

Ainsi, il avait préparé, il avait recruté, il avait fait tout ce qu'il était nécessaire de faire avant le début de la cérémonie. Il n'attendait plus que les personnes souhaitant assister aux obsèques, qu'elles prennent place face à l'autel et au catafalque vide, encore.

La mort fait partie de notre existence, la mort nous attend tous, patiente et imprévisible, elle gagne tout le temps, personne n'y échappe une fois qu'elle décide de vous prendre, vous pouvez être roi, prince paysans ou vagabond, nous finirons tous par la rencontrer un jour.
Une hécatombe, voilà ce que c'était chez la famille Sparte, une année où le sort s'acharnait, emportant avec lui des membres de la famille, semant sur son passage la haine, la tristesse, la colère, la solitude.

C'était le jour, le jour de rendre un dernier hommage à sa femme Gallena, à Franchesco et à Kiboki. Dehors la pluie de saison s'abattait sur le sol, le monde pleurait à la place du Vicomte, lui qui avait vidé toutes ses larmes quand le dernier souffle quitta le corps de son épouse retrouvée effondré sur le sol de la cuisine alors que ce jour là devait être un jour fête pour la fin de leurs mandat.
Une chose était sur, les sentiments qui emplissaient le corps ainsi que le cœur de Goclad depuis de longues semaines était un mélange de culpabilité pour n'avoir passé que très peu de temps auprès d'elle, de rage, maudissant le destin d'avoir tout détruit dans son bonheur et enfin de souffrance, une partie de son âme avait tout bonnement disparue en même temps que la jeune Sparte.

Aucun son n'était sorti de sa bouche ce matin là, pendant que le carrosse brandissant le blason des terres de Villersexel se plaçait devant les portes du Château, Goclad se vêtit de noir, arborant un costume de deuil brodé d'or, le seul élément dépareillant le costume était un collier en or autour de son cou où pendait un anneau, son alliance de mariage offert à la même Chapelle où il allait se rendre aujourd'hui.
La porte de ses appartements privés était ouverte, Anne la nourrice frappa à celle-ci, les deux petits monstres étaient là tout habillé, Loic avec un costume semblable à son père et Lara avec une robe blanche et des ruban roses tenant sa chevelure noir.
A chaque fois que son regard se posait sur sa fille, le Von Dumb était persuadé de voir son épouse, les même traits physique, ses mêmes yeux doux et que dire de son caractère déjà capricieux pour son âge.

Déposant un baiser sur leurs front, Clad rejoignit le carrosse avec ses enfants dans les bras, la route pour Salin ne serait pas très longue et il espérait pouvoir avoir un moment de tranquillité pour regarder une dernière fois celle qui l'avait quittée avant l'arrivé des autres invités.
Les deux enfants ressentaient aussi la disparition de leurs mère, même s'ils étaient très jeune, le lien les liant à elle avait disparue mais ils avaient au moins la chance de ne pas tout comprendre, la souffrance était moins ardue a porter à la différence des adultes.
Accompagné de la nourrice, ils filèrent tout les quatre en direction de la Chapelle Saint-Sylphaël, montant les nombreuses marches avant d'enfin apercevoir l'entrée, personne n'était encore arrivée, juste un homme qui semblait tout préparer.
Les portes grandes ouvertes, son regard se fixa sur les trois cercueils à l'intérieur, les jambes figés sur place, Goclad n'avait plus aucune volonté d'avancer, une terrible douleur frappant son coeur meurtris.

A Verdun quelques jours plus tôt,

Pour une fois, c’est le cœur triste qu’elle se préparait à faire un voyage en Franche Comté. Trois membres de sa famille, dont sa vassale, avaient trouvé la mort et serait enterré à Salins les Bains. Elle fit remplir ses malles de toutes les tenues noires qu’elle possédait. Elle ne savait pas combien de temps, elle séjournerait dans le domaine de son parrain. Etre en famille pour surmonter ce moment la … serait peut être mieux, revoir ses cousins et cousines …

Il y a plusieurs jours de cela, elle avait demandé à Circa de venir avec elle, d’être la pour la soutenir dans cette épreuve qui serait bien difficile, mais depuis …. Voyant que les choses ne changeaient pas, qu’elles empiraient même et se rendant compte qu’elle ne l’aimait plus, elle avait déposé une demande d’annulation de leur mariage, qui n’avait pas avancé du tout. Circa n’avait pas répondu à son courrier, peut être avait-il occulté aussi celui de l’EA. Elle s’occuperait de prendre des nouvelles auprès d’Uriel à son retour, elle avait pour le moment d’autres choses à penser.

Elle fit charger le carrosse au couleur de Valentigney puis se mit en route, accompagné de sa suivante et de deux gardes. Le chemin était long et la duchesse prudente.

Salins en vue …

Après plusieurs de trajet, ne s’arrêtant qu’en fin de journée pour dormir dans des petites auberges, le carrosse arriva enfin près de Pontarlier… le domaine n’était plus très loin. Elle regardait par la fenêtre. Elle eut un petit pincement au cœur pendant la traverser de son village natale. Elle se souvient de son père Salbator, et d’Occorax ... qui était mort ici aussi … et Elfriede revenait … non pour un heureux événement cette fois…

Une larme perla le long de sa joue. Elle avait été soulagée de savoir qu’elle n’officierait pas. Elle avait beau être la Chapelaine de Salins les Bains, elle n’avait jamais fait d’enterrement, et ne s’en sentait pas capable. Beaucoup trop émotive de la perte des siens, pour ne pas pleurer, pour garder son sérieux toute une cérémonie.

Le carrosse s’arrêta enfin. Elfriede essuya ses yeux, la larme qui avait coulée plutôt avait été rejointe par un flot de larmes. Elle les épongea avec un petit mouchoir brodé qu’elle avait prévu à cet effet. Elle plaça le mouchoir dans sa manche, sur d’en avoir besoin dès que la cérémonie commença. Elle ordonna aux gardes qui vinrent lui ouvrir la porte de s’occuper de leur chevaux en les amenant aux écuries et de déposer ses malles dans la chambre qu’on avait surement prévue pour elle. Sa suivante l’y attendrait.

Une fois hors du carrosse, elle vit qu’Erine parlait avec un intendant, et que Goclad semblaient figé sur le parvis. Elle s’approcha lentement jusqu'à voir les trois cercueils et compris ce que pouvait ressentir son ami. Elle posa délicatement une main sur son épaule, pour lui faire savoir sa présence, se doutant bien qu’aucun mot ne pouvait réconforter à ce moment précis.

C'est de sa plus belle robe noire que Sara se para en ce jour, un ruban noir retenait sa longue chevelure bouclée et le collier offert par son fiancé au tout début de leur rencontre trônait fièrement à son cou. Elle essuya une larme face au miroir et se regarda, pourquoi n'avait-elle rien su de son fiancé ? Elle l'avait appris de la bouche d'Erine, un soir en taverne, dure nouvelle...

Maman, es-tu prête ?

La jeune femme se retourna pour apercevoir Rose. Même chevelure brune, même teint pâle, la jeune fille ressemblait fort à sa mère. Elle se leva pour la rejoindre et posa un baiser sur son front, elle n'était plus le bébé adoré de Pontarlier mais une belle jeune fille qui souhaitait apprendre de la vie. Derrière son frère suivait, les yeux rougis de larmes... Il n'avait pas beaucoup vu son père, ce dernier étant très occupé mais il avait toujours été un modèle pour lui. La mort d'un père est toujours difficile à accepter pour un petit garçon...

Venez, dit-elle en leur attrapant la main, il est temps d'y aller.

[A Salins]

Sara s'avança vers le parvis de la chapelle, le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine et les larmes lui venant aux yeux. Alors voilà comment allait se terminer l'histoire de Sara et Franchesco... Elle adressa un sourire à Erine, se dirigeant vers elle puis apercevant Clad, elle lâcha la main de ses enfants et s'arrêta

Rose, emmène ton frère et allez dire bonjour à votre tante Erine, j'arrive de suite... Je n'en ai que pour quelques minutes

Elle posa alors la main sur l'épaule de son ami, tout comme Elfriede et les yeux remplis de larmes, s'adressa à lui tout bas :

Clad... Comme j'aurai aimé te voir dans d'autres circonstances... Toutes mes condoléances mon ami... Je sais ce que tu ressens !

Elle serra alors plus fort sa main sur son épaule, l'invitant à se tourner vers elle, et à libérer ce qu'il ressentait tout en regardant sa "nièce" qui avait tellement grandie... devenue une beauté de la nature alors qu'elle se souvenait encore de lui avoir changer ses langes.

Robe blanche finement brodée d’argent. Quelques dentelles bleutées filées du même métal aux poignets et entourant son décolleté. Une natte retenant les quelques mèches rebelles pouvant s’immiscer sur son visage - et l’empêcher de les voir, eux, les défunts - le reste de la chevelure blonde retombant librement sur ses épaules et jusqu’au bas de ses reins. Autour de son cou, une parure que lui avait offerte son parrain, l’occasion idéale pour la porter.
Elle pénétra dans la Chapelle en même temps que les autres, la tête haute, le cœur battant. Déjà, elle ne pensait plus à sa moitié, sa jumelle. Encore moins à toutes ces personnes qui se hâtaient pour cette cérémonie.
Ses pommettes s’étaient colorées d’un magnifique rouge cerise naturel, contrastant de façon évidente avec son teint pâle habituel. Si Aurore n’avait que 13 printemps, elle avait tout, aussi, de la copie conforme d'Erine, que ce soit de la chevelure à son nez aquilin.

Au fond de la salle lui avait-on dit. Au fond de la salle ? Mais elle n’y verrait rien ! Non, la demoiselle tenterait discrètement de se faire une place à l’avant. Vaille que vaille, coute que coute. Tout en avançant, remontant la nef jusqu'à ce qu'elle aperçoive sa mère et un domestique. Un sourire traversant son visage, reliant ses deux oreilles comme par un fil, scindant son visage en deux, elle cherchait à s’immiscer dans les premiers rangs sans s’en donner trop l’air.
Posture droite, à peine prenait-elle le temps de s’incliner face à ceux et celles qu'elle croisa. Aurore ne les connaissait pas tous et toutes. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait plus assisté à une cérémonie chez ses parents, ayant subit une longue période de retrait et de repos au couvent dernièrement.

Mère, je vous souhaite le Bon Jour. Accompagnant sa parole, Aurore se confondit en une révérence bien basse et sourit à sa chère mère.
Il s’en était suivi un court silence durant lequel on accomplissait les gestes d’usage; Aurore sentit le besoin d'entourer de ses bras la taille de sa mère, cherchant un peu de réconfort en cette triste journée.

Le voyage jusqu'à Salins lui avait laissé le temps de penser à son petit frère, celui avec qui elle avait connu tant de bons moments, celui qui avait toujours été là pour lui tendre la main, celui qui finalement lui ressemblait le plus... Les yeux brûlants des larmes versées depuis cette nouvelle qui l'avait laissée comme vide... Une année avait suffit pour qu'elle se retrouve sans famille... Lui restaient un époux qui essayait de se faire pardonner ses bêtises et qu'elle aimait d'un amour jusque là inconnu d'elle, Timothée qui grandissait en compagnie de Céleste, dernier fils d'Alambyk. Les deux diablotins s'entendaient comme larrons en foire et multipliaient les bêtises. Babeth, qui pourtant avait une patience d'ange, commençait à se plaindre des deux garçonnets et elle venait de les envoyer chez Leonin avec l'espoir qu'ils s'assagiraient un peu.
De ses fils, ses pensées dérivèrent vers les deux femmes qui avaient rendu leur dernier souffle presque en même temps que Franchesco... Kiboki qu'elle avait bien connue, avec qui elle avait partagé tant de soirées... Gallena qu'elle n'avait que peu connue... mais qu'elle avait appris à apprécier au fil des discussions qu'elles avaient eues.

Enfin la chapelle Saint Sylphaël fut en vue... Laissant son cheval au jeune garçon à qui elle apprenait le maniement des armes, Dina, comme toujours vêtue de son uniforme, monta les quelques marches menant au parvis, salua les personnes présentes d'un signe de tête avant de s'approcher des cercueils et de s'agenouiller le temps d'une prière.

Puis elle attendit à l'écart...

Les Carrosses... Encore les Carrosses... L'archevêque soupira... Les routes étaient si mal entretenues, qu'il avait tout le temps mal aux fesses... Bon ben il avait choisit cette Voie, il en était fier... Fier de travailler pour le Très-Haut... Qui d'autre peut se gausser de travailler pour le Très-Haut...

Il arriva en fin de matinée devant les portes du Domaine des Spartes, les gardes en reconnaissant les armoiries frappés sur le carrosse, et sur la livrée des gardes, laissèrent passer le convoi sans piper mot.

Arrivée devant la chapelle, les garde mirent pied à terre, et ouvrirent la porte à Monseigneur Tully

Un Garde : " Monseigneur... Nous voici arrivés à destination"

Tully : "Ha et bien c'était pas trop tôt, ces routes, mon dieu, mais que font-ils avec l'argent public ?"

Le garde sourit, et la main sur la garde de son épée, escorta le Prélat devant la porte de la Chapelle après avoir jeté un œil à ce dernier. Tout vêtu de propre, rasé de prêt. En habit de ville, la soutane noire, la croix pectorale en or sur la poitrine, calotte violette sur la tête, Livre des Vertus à la main gauche, et son Anneau Pastoral en Or sur l'annuaire droit.

Tully vît que certaines personnes étaient déjà présente, il leur sourit doucement, et inclina la tête respectueusement comme pour les saluer et leur signifier qu'il partageait leur douleur.

Mère, je vous souhaite le Bon Jour.

Erine accueillit avec joie le visage amical de sa fille, l'une de ses ainées, son Aurore. Elle posa sur la jeune Sparte un regard bienveillant. Aurore faisait la fierté de sa mère, elle, ainsi que ses frères et ses sœurs.
Un soupir lui échappa. Un soupir d’aise, mais peut-être aussi un soupir d’ennui et de consternation lorsqu'Aurore se serra à elle. Et bien, mon enfant. Dit-elle, passant une main le long du visage de sa fille. Ressaisissez-vous, Aurore. Lâcha-t-elle, prenant entre ses mains le visage de la Demoiselle de Sparte. Allez prendre place vers l'avant, vous vous tiendrez à mes côtés Ponctua-t-elle.

Les cloches ne tarderaient pas à sonner, appelant à la prière et au souvenir, en l'honneur des défunts. D'un signe de tête résigné, elle indiqua à Baudouin qu'il lui fallait aller quérir les gardes au château, pour transporter les cercueils jusqu'au catafalque. Pour sa part, elle allait s'installer au premier rang et profiter quelques derniers instants de l'intimité de la chapelle.

Jetant un dernier coup d'œil vers l'entrée de la chapelle, elle aperçut deux silhouettes. De loin, elle vit une petite fille et un petit garçon dont elle ne pouvait reconnaître les traits -parce que de toute évidence elle ne les connaissait pas- pénétrer dans la chapelle. Était-ce Rose et Aaron, les enfants de Sara ? Parmi ceux à qui elle avait envoyé l'annonce de la mort de Franchesco, il n'y avait sans doute que les enfants de Sara qu'elle n'avait plus vu depuis des mois, voire des années.
Elle s'approcha des deux enfants et les questionna. Seriez-vous Rose et Aaron ? Et la Comtesse observa les personnes qui entrèrent. A défaut de peut-être mettre un nom correct sur les bambins, elle pourrait certainement reconnaitre la mère.
Erine prit les enfants par la main et se mit en quête de trouver leur mère. Mais c'était sans compter l'arrivée de l'Archevêque qui retint toute l'attention de la jeune femme.

Oh, Mon Gentil Cousin, vous voilà arrivé. Avez-vous fait bon voyage depuis la Champagne? Le questionna-t-elle sans attendre sa répondre, elle lui indiqua se de préparer pour la cérémonie. Placez-vous, Monseigneur.

La route avait été courte depuis Châtenois et le carrosse qui venait déposer à Salins le couple von Frayner de Sparte s'arrêta devant la chapelle. Elle connaissait le peu d'engouement que Flavien démontrait à l'égard des cérémonies officielles et la jeune femme, en temps ordinaire n'aurait pas insisté pour que son charmant époux l'accompagne, mais il s'agissait de triples funérailles et Jade craignait que l'émotion ne soit à son comble, voulant s'assurer de son soutien en cette pénible épreuve.

La Sparte émergea du carrosse, ayant revêtu, bien que le blanc fut la couleur du deuil, les couleurs de son époux qui étaient plus sobres. Sa robe composée d'un motif de noir et d'un jaune presque or apparaissait sous une jupe de soie noire largement ouverte sur le devant, sa longue chevelure bouclée avait été relevée en chignon et un voile noir en cachait une partie, comme si la couleur de feu de ses cheveux était une quelque conque offense en temps de deuil. Son regard balaya les lieux en un instant, quelques membres de la famille étaient déjà présents et d'instinct, Jade prit la main de Flavien pour la serrer doucement avant de se diriger vers les personnes qu'elle connaissait.

Son oncle Goclad qui semblait porter la souffrance du monde sur ses épaules, Elfriede à ses côtés, au moins il n'était pas seul en ce sombre jour, on pouvait compter sur l'empathie de la diaconnesse pour offrir du réconfort. Jade s'avança et posant la main sur son bras elle lui murmura

Je suis de tout coeur avec toi, tu sais que tu peux compter sur moi...

Sa gorge sembla se contracter et aucun son ne sortit, les mots qui se bousculaient dans sa tête avaient décidé de bloquer à l'entrée de sa bouche et les larmes lui vinrent aux yeux. Elle se contenta d'appuyer la pression sur son bras en silence avant d'entrer à l'intérieur de la chapelle, les souvenirs de sa petite cousine la hantait, la façon dont elle l'avait vue, gisant sur le sol, le souffle de vie l'ayant quittée, Flavien qui la sortait de la cuisine pour la consoler... La rousse releva la tête et pénétra dans la chapelle, Dina était un peu à l'écart et elle s'approcha de cette femme qu'elle avait pu connaître et apprécier en travaillant avec elle au Conseil Comtal.

Je suis désolée Dina que nous nous voyons en de si tristes circonstances. Je compatis à ta douleur

Jade avait travaillé avec Franchesco au parlement et déplorait de voir que la jeune femme perdait un autre membre de sa famille en si peu de temps. Elle ne connaissait que trop la solitude qui parfois nous submerge. La noble poursuivit vers l'avant pour saluer sa cousine Aurore Marie, sa tante Erine et son parent Tully, elle croisa une dame qu'elle croyait avoir déjà vue une fois, se demandant si c'était la mère du fils de Franchesco, à voir les traits de l'enfant, elle crut que oui mais se dit qu'elle demanderait pour ne pas faire d'impair. Elle s'adressa donc aux membres de sa famille

Je regrette que nous ayons à partager un aussi triste moment...

C'est dans cette chapelle qu'elle avait dit oui à Flavien et les souvenirs heureux de ce moment se battaient avec la tristesse du jour.

Sara laissa Clad sans voix et sourit à Elfriede, il fallait qu'elle rejoigne ses enfants entrés dans la chapelle. Un noeud lui serrait la gorge et plusieurs fois elle retint un sanglot, elle avait l'impression d'étouffer, de revivre trop souvent ses évènements tragiques. Elle n'avait même pas encore osé approcher du corps de son fiancé...
Elle vit Rose et Aaron aux mains d'Erine et s'approcha sans trop oser parler étant donné que la comtesse était en conversation. Une fois qu'elle eut terminé, elle s'avança et prit doucement la parole

Erine, voici Rose et Aaron... Te souviens-tu comme tu les berçais en taverne, dit-elle en osant un léger sourire, tout est passé beaucoup trop vite...

Elle se souvenait encore de Rose, bébé adorée des tavernes qui passait de bras en bras. Elle se souvenait de son amie blondinette qui aimait la porter, qui était là tous les soirs en taverne pour des discussions jusque tard dans la nuit... Cette amie, elle était là face à elle, dans une robe du plus bel apparat, devenue comtesse et la femme la presque plus respectée de Pontarlier. Elle aurait aimé à ce moment-là, se jeter dans ses bras, libérer cette gêne qui se formait dans sa gorge et qui l'empêchait de respirer. Elle tourna légèrement la tête vers Aurore, la fille d'Erine qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Elle devait avoir le même âge que sa fille, qui lui ressemblait aussi traits pour traits..
Une fois cette nostalgie passée, elle se reprit et posa une dernière question

Où pouvons-nous nous installer ?

Le chemin depuis l'Alençon avait été long.
C'est presque avec un soupir de soulagement que la jeune femme vit se dessiner le domaine de Salin. Elle n'était pas passé au Manoir de Pontarlier pour y poser ses malles, elle n'en avait pas le courage suite à la missive des moines de Verdun. Elle avait demandé confirmation de cette information et tiendrait jusqu'à celle-ci.

C'est dans le seul bruit des sabots des chevaux que le carrosse pénétra dans la cours de Salin et s'arrêta à quelques pas des écuries.

Une fois la porte ouverte Pegasine descendit. Elle était venu seule, laissant ses enfants aux bons soins de leur nourrice, la fidèle Philomène.

Vêtue entièrement de noir, Pegasine replaça son châle sur ses épaules, l'enroula mieux autour de son bras gauche et se dirigea vers la chapelle. Sur le trajet elle porta à divers reprise la main au petit parchemin qu'elle avait glissé dans l'échancrure de son décolleté.

Une fois sur le parvis de la Chapelle, elle respira un grand coup et avança de quelques pas de façon a se trouver dans l'axe de l'allée centrale. Ses yeux vert se posèrent sur les trois cercueils et se remplir de larmes vite contenues. Elle s'était promis de ne pas pleurer, elle n'avait fait que cela depuis la réception du parchemin qui ne la quittait plus depuis et n'avais presque plus de larmes à verser.

Clad, Elfriede, Sara, Jade, Erine et l'une de ses filles et même Dina était déjà présents, mais la jeune JAP de l'Alençon restait figé sur place, voyant un autre cercueil à la place des 3 en places.
Finalement, il lui restait des larmes à verser, puisqu'une glissa sur sa joue pour finir sa course dans la dentelle noire de son col.

Aristote épargnez-moi un autre deuil que je ne pourrais supporter...

Verania n'était pas en Franche-Comté. Elle avait reçu par courrier de tristes nouvelles. Elle prit la plume et écrivit à son cousin en ces tristes circonstances. Elle savait que rien ne pouvait atténuer sa peine, mais elle ne pouvait pas le savoir souffrir sans tout au moins lui exprimer ses condoléances.

Citation :: Salisbury, le douzième jour de novembre de l'an mil quatre cent cinquante huit

Mon très cher Goclad,

Je prends la plume en ce jour que je sais être celui des funérailles de ta douce épouse pour te dire combien je compatis à ton immense chagrin. Je sais à quel point Gallena te manque, à toi et aussi à tes enfants. Les mots ne peuvent rien ou pas grand chose pour soulager un être cher qui souffre, mais sache que je suis là et que si tu as besoin de moi, tu pourras compter sur moi. Je serai bientôt de retour chez nous à Sochaux.
J'ai appris le décès d'un homme qui étais mon ami. Le Comte Galli m'était très cher et si tu croises Sara, pourrais-tu lui offrir toutes mes condoléances de ma part.
En ces jours de deuil, je pense à toi et à tous ceux qui souffrent de la perte d'un être cher.
Je t'embrasse. Sois fort...

Ta cousine Véra

Acis connaissait les trois personnes. Il se devait d'y aller par respect pour ces grands noms du Comté. Une grande perte pour le Comté, mais il n'osait même pas imaginer la perte qu'ils représentaient pour leurs proches. Ah il se souvenait parfaitement de ces trois personnes, deux plus que l'autre, mais peu importe, il serait là pour leur rendre un dernier hommage solennel.

Franchesco avait été pour lui un grand ami, un militaire d'exception. Voila où il le connaissait surtout. Un homme droit, très organisé, aimant l'Armée. Donc, en tant que Capitaine, il se devait de lui rendre un hommage.
Kiboki, pareillement, une grande militaire, il la connaissait moins, mais son nom resterait à jamais gravé dans les archives de l'Armée, et surtout dans les pensées du vieux militaire et capitaine sanclaudien. Il s'en souviendrait.
La troisième lui était bien moins connu que les deux précédents, mais il l'avait croisé de nombreuses fois au Château de Dole, le lieu par excellence, où tous les comtois pouvaient se croiser. Mais il vint lui rendre hommage également, c'était la femme d'un de ses amis, Goclad. Pour lui, il se devait d'y assister

Trois personnes qui ont marqué la Franche-Comté, trois grandes pertes. Il se sentait un peu seul, voyant surtout la famille des défunts, lui venant honorer la mémoire d'amis. Il se rappelait le jour où on lui avait annoncé la mort de sa sœur Nymphétamine, à Saint-Claude, alors que lui était en Normandie, avec Katarina. C'était comme si tout s'était effondré autour de lui, plus rien ne comptait, il voulait tout abandonné pour courir la rejoindre dans l'autre monde, elle lui manquait tellement. Le fait d'avoir appris sa mort par pigeon, et ne pas avoir été là pour tenter de la sauver, et surtout ne pas assister à son enterrement. Certes, plus simple que celui actuellement, mais bon, un enterrement tout de même. Il voulait tout lâcher en Normandie, et rentrer se venger en Franche-Comté, ce comté qui lui avait enlevé sa sœur. Mais il ne pouvait, étant à trois semaines de route. Trop loin, trop tard.

Il s'approcha en silence de la chapelle, poussa la lourde porte et vit qu'il y avait déjà du monde. Il les connaissait tous, ah non, une personne inconnue. Jamais vue. Saramarinettee, Dina, Erine, Jade, Pégasine, Elfriede, Goclad. Tous était déjà présents, habillés de noir comme le voulait le deuil. Lui aussi avait revêtu l'habit noir. Il voulait y assister, marquant son respect pour cette grande famille de la Franche-Comté, souvent décriée. Il vit que les bancs du fond étaient libres, il s'approcha de l'un deux, rentra dans la rangée et s'assit. Il voulait laisser les bancs les plus prêts des corps pour la famille proche, celle qui aurait besoin de se recueillir avant de les enterrer. Il regardait le monde entrer, attendant le début de la cérémonie ...

Katarina avait beaucoup voyagé dernièrement lui évitant de penser aux enterrements qui auraient lieu … mais le jour était arrivé, et son absence serait surement remarquée. Elle fit donc tous son possible pour arriver dans les temps. Elle passa par Sochaux pour récupérer Leif, ils avaient convenu d’arriver en même temps. Elle espérait qu’il l’y attendait encore, qu’elle ne faisait pas ce demi-tour pour rien. Elle envoya un serviteur le chercher. Par chance, Leif était bien la. Le trajet de Sochaux à Salins se fit dans un silence absolue, Katarina n’avait pas envie de parler même s’ils s’étaient vu depuis des semaines.

Une fois à Salins, elle vit qu’ils n’étaient pas en retard. Elle s’avança seule vers le parvis de l’Eglise. Beaucoup de membre de la famille était déjà présent ainsi que quelques amis. Elle les saluerait à la fin. Vêtue de la traditionnelle tenue de deuil, elle s’arrêta sur le parvis de l’église. Voir ses trois cercueils cote à cote lui fit un choc. Elle souffla longuement pour calmer les larmes qui montaient à ses yeux. Elle ne pensait pas pouvoir pleurer encore ... en ayant déjà versés beaucoup aux annonces successives des décès … en pensant aux enfants et conjoints qu’ils laissaient derrière eux.

Elle baissa la tête pour ne plus voir les cercueils et entra dans l’église, elle marcha lentement dans l’allée, se signa et pris place au second rang.

Erine, voici Rose et Aaron... Te souviens-tu comme tu les berçais en taverne

Sentant une présence dans son dos, Erine se retourne et accueille le visage de Sara par un léger sourire. A cet instant, c'était la seule chose qu'elle pouvait laisser transparaitre d'elle-même.
Elle posa tour à tour son regard sur les enfants de son amie avant de la détailler à nouveau. Il y avait fort longtemps que les deux jeunes femmes ne s'étaient plus vue et, Erine aurait préféré la revoir dans d'autres circonstances que celles-ci.
Oh, mon amie, cette période est si lointaine. Lui répondit-elle, posant une main réconfortante sur celles de Sara.

Où pouvons-nous nous installer ?

Cette question étonna la Comtesse de Salins, tant par la spontanéité des mots que par la question en elle-même.
Erine poussa un léger soupire et posa ses mains sur les épaules de celle qui aurait dû devenir la Comtesse de Cordonnet.

A mes côtés, Sara. Au premier rang. En ce domaine, toi et tes enfants êtes considérés comme membres à part entière de la famille Sparte.Et Erine encouragea la fiancée du défunt Franchesco à prendre place.

Arrivée à hauteur d'Aurore, elle prit simplement la main de sa fille et la serra avec chaleur. Le moment était venu maintenant de prendre place, la cérémonie débutait.

Sara s'avança dans l'allée pour rejoindre le premier rang. Elle adressa un léger signe, au passage, à Pegasine qui n'avait pas l'air en grande forme elle non plus. Le visage triste de toutes les personnes qu'elle pouvait croiser dans l'église faisait monter la boule qu'elle avait dans la gorge et c'est les larmes aux yeux qu'elle arriva devant les trois cercueils.

Dans l'un d'eux, se trouvait Franchesco, son défunt fiancé qu'elle aurait dû épouser. Pourquoi tout allait si vite ? Pourquoi les gens qu'elles aimaient le plus devaient-ils partir ? Yvain, Magdaleine, Goungor, Xaven, Salbator, Occorax... C'était tant de noms qui lui revenaient en mémoire, tant de souvenirs, tant de tristesse...
Elle se rappelait à présent de sa rencontre au terrain d'entraînement, de la demande de fiançailles de Franchesco, l'allée de roses, le feu dans la cheminée. Elle n'avait rien oublié.

Ses mains tremblèrent lorsqu'elle s'assit sur le banc, elle serra plus fort la main de son fils et fixa longuement le cercueil... Elle n'aurait pas le courage de poser les yeux sur lui une dernière fois, elle préférait garder son visage si beau et plein de vie en mémoire.
Elle jeta un regard à la comtesse, la cérémonie allait commencer...

Pegasine avait mit plusieurs minutes avant de se reprendre et de remonter l'allée centrale.
Elle se dirigea vers Sara et ses enfants, les saluant chaleureusement. Ils avaient bien grandit depuis qu'elle les avait vu, Rose était le portrait de sa mère et on retrouvait les traits de Franchesco en voyant Aaron.

Elle n'osait imaginer ce que cela faisait de perdre son père. Bien qu'elle-même aie perdu son père, elle ne l'avait pas connue et n'avait aucuns souvenirs pouvant se raccrocher à lui. D'après ce qui avait été trouvé sur Emidio, elle devait avoir un an à sa mort.

Une fois installé, elle posa sa main sur le bras de Sara et le serra doucement pour lui montrer son soutient.

Sur les routes:

Citation :: A la famille Sparte,

Après avoir appris le départ de Gallena, ma place en FC n'était plus de mise. A ce titre, je n'ai pu attendre que son enterrement eu lieu.
Déjà sans but et désormais sans repère, j'aire sur les routes avec son épée dans la main. J'y prendrai soin, vous pouvez me faire confiance et quiconque voudra me la dérober, goûtera à sa lame.

J'honorerai chaque jour sa mémoire pour qu'elle ne soit jamais oubliée.

Je vous accompagne également dans cette funeste épreuve pour Franchesco Galli-de Sparte et Kiboki de Sparte même si je ne les connaissais que très peu.

Avec toute mon amitié.
Artus de Sparte

Toujours sur le parvis, Elfriede vit arriver un message qu'elle ne pu s’empêcher de lire. Il faut dire que la jeune femme était très curieuse de nature. Elle fut contente et triste des nouvelles que ce mot, de son frère, apportait. Elle avait toujours sur elle un nécessaire d'écriture, elle entra dans l'église, remonta l'allée sans prêter un regard aux cercueils, elle ne supportait pas de les voir tout trois alignés et ne voulait pas se mettre à pleurer encore. Elle s'installa aux cotés de sa grande cousine Katarina. En attendant que le cousin Tully commence la cérémonie, elle écrivit rapidement un mot pour son frère.

Citation :: A Artus, mon jumeau adoré,

C’est avec tristesse que j’apprend ton départ de FC, le jour même ou j’y suis de retour définitif, vu que j’y réaménage sous peu. J’espère que tu n’erras pas sans but bien longtemps. Sache que je t’attendrais à Dole et que j’ai grand hâte de te revoir. Beaucoup de chose se sont passés depuis notre dernière rencontre, et qu’il faut que je te raconte de vive voie.

Puise Aristote protéger tes pas, je ne survivrais pas s’il t’arrivait quelque chose.

Affectueusement

Elfriede de Sparte

Les arrivants continuaient d'arriver, triste occasion que ce jour où ils devaient faire le deuil et se séparer de ceux qu'ils avaient aimés. La jeune femme salua Acis qui se joignait à eux puis se dirigea vers Pegasine qui avait fait une longue route jusqu'à Salins, le sort s'acharnait sur celle-ci mais Jade, habituellement volubile, manquait de mots pour exprimer sa tristesse, se contentant de lui presser affectueusement la main, du moins celle valide avant de s'asseoir auprès de sa mère en l'embrassement tendrement

Vous allez bien mère ? Dommage que nous nous voyons en de si tristes circonstances

Elle chuchotait comme si le son de sa voix était un outrage au lieu, à la circonstance, à la tristesse du jour.

Assise dans l'assemblée, Elfriede sentait une gene, tout le monde attendait patiemment que la cérémonie commence.. mais Tully ne disait rien. D'ailleurs elle ne l'avait pas vu depuis qu'elle l'avait saluer en entrant. c'était-il réfugié dans la sacristie pour ne pas montrer sa peine, cuvait-il le vin de messe dans un coin. L'heure n'était pas a partir à sa recherche. Elle se leva s’avança vers l'autel et décida de le remplacer au pied levé.

Mes chers cousins, cousines, ami(e)s,

Aujourd'hui c'est le cœur gros que nous allons rendre hommage à Franchesco Galli de Sparte, à Kiboki de Sparte et à Gallena de Sparte Von Dumb.
Ils nous ont quitté, tous trois, beaucoup trop tôt ; il nous reste des souvenirs et surtout une douleur qui déchire l'âme et le cœur...

Elle marqua une pause, des larmes montaient à ses yeux. Elle savait que ce serait dure pour elle d'officier, c'est pourquoi elle n'avait pas tenue à le faire, mais présentement, elle n'avait pas le choix. Il fallait les honorer ...

... mais gardons à l'esprit que leurs âmes sont sans doute partie rejoindre notre Créateur.

Et dans ces cas là, nous sommes enclins à nous tourner vers Dieu, Aristote et Christos pour crier notre désespoir, notre détresse ou notre colère.
Nous sommes alors tentés de reprocher à Dieu son silence et son inaction, et parfois même, nous l'accusons.
Or et au contraire, Dieu vit notre détresse avec nous et au plus profond de notre être.
Il est là, et Il souffre avec tous ceux qui souffrent, car par nature, nous faisons partie de Lui.
Il pleure Franchesco, Kiboki et Gallena avec ceux qui pleurent.
Avec Lui, la vie triomphe de la mort, et le bien triomphe du mal, et là, se révèle Sa toute puissance.

Elle fit une nouvelle pause, essuyant ses yeux avec son mouchoir.

Commençons l'hommage, en récitant le credo :

Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'aprés avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

AMEN

Asisse bien droite, la jeune femme se demandat ce qui retardait le début de la cérémonie et voyant arriver Elfriede, elle se dit qu'il avait sûrement un contretemps pour ce changement d'officiant, peut être un malaise de Tully ? Jade n'était pas sans ignorer la douleur que la diaconnesse ressentait et opina silencieusement sur son courage.

Écoutant ses paroles, elle ressentit la tristesse liée à la perte et regarda tristement en direction des personnes présentes, retenant ses larmes, elle avait tout à coup l'impression d'un grand vide autour d'elle. La Sparte confiant au Très-Haut sa déception d'avoir perdu ses proches, récita humblement le credo, y cherchant un réconfort qu'elle espérait y trouver.

Assise aux côté de Sara Pegasine s'étonna de voir Elfriede se lever et commencer la Cérémonie.
Tully avait-il eu un malaise ? Avait-il été appelé en urgence à Rome où ailleurs ?
Connaissant le désir de la Chapelaine de ne pas officier pour les évènements malheureux elle espéra qu'il n'y avait rien de grave avec Tully.

Soutenant l'officiante par la pensée, Pauline récita le crédo dans un murmure.

Sara s'étonna de voir Elfriede se lever et c'est avec de grands yeux qu'elle se tourna vers Pegasine. N'avait-elle pas fait le choix de ne pas faire l'office ?
Elle la regarda, les yeux brillants d'un remerciement qu'elle ne pourrait jamais assez dire. La jeune fille avait décidé de rendre hommage à sa fille en remplaçant Tully au pied levé.

Au commencement du discours de la diaconesse, elle ne put retenir ses larmes. Une boule se forma dans sa gorge, elle ne voulait pas s'effondrer devant tout le monde et surtout pas devant ses deux enfants.
Elle serra la main de Pegasine et récita doucement le credo :

Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'aprés avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

AMEN

Meurtrit et anéantit, Goclad s'avança aux côtés de ses enfants et ses de amis vers la première rangée de banc, il l'entendait leurs voix, leurs condoléances pour la perte de sa femme mais aucun son ne sortait de sa bouche, même avec la plus grande volonté du monde il ne pouvait le faire car il n'y avait tout simplement rien à dire. Au fond de lui, il sentait son coeur, donné à Gallena lors de leurs mariage, mourir, périr comme s'il ne restait plus qu'un tas de cendre après que les flammes aient consumées tout ces sentiments d'amour.
Ses yeux rouges criant une douleur insurmontable restaient figé sur le cercueil, pourquoi était-il incapable de pleurer? Réalisait-il qu'elle ne reviendrait plus à ses côtés? L'enlacer? L'embrasser? Ou ne serait-ce que le regarder avec ce sourire d'ange?

Assis en serrant fort contre lui Lara et Loic, il écouta la voix d'Elfriede qui s'occupait de la cérémonie, son cerveau ne comprenant pas pourquoi elle officiait à la place de Tully.

» Bapteme de Jade von Dumb de Sparte